La comédienne Marie-Christine Barrault, dont c'est la première réalisation scénique, a choisi la chapelle du collège de La Salle pour mettre en scène un texte de Jacques Beauvois, sorte de journal intime que la pianiste Clara Wieck aurait consacré au couple mythique et tragique qu'elle constitua avec le compositeur Robert Schumann. Cette oeuvre conte le drame que traversèrent les deux musiciens du fait de la maladie mentale dont souffrit Robert dès l'âge de vingt-trois ans : il songea alors au suicide, et ce fut son amour pour Clara, qui se dévoua à son époux corps et âme (elle fut son interprète privilégiée au piano), qui le sauva temporairement. En 1854, il se jeta pourtant dans le Rhin et mourut peu après, dans la maison de santé où il avait demandé à être interné, le 29 juillet 1856, il y a 151 ans. Clara est incarnée par Anne Constantin, tout à la fois musicienne de talent et comédienne, qui dit avec simplicité son renoncement à une vie paisible et confortable pour un amour désespérant. Jean-Louis Cassarino, criant de vérité, campe un Robert Schumann pathétique dans sa douleur indicible. Tout ceci s'inscrit dans une scénographie et des lumières de Charlie Thicot d'une grande sobriété, en accord parfait avec une mise en scène efficace et sans excès. La musique de Schumann (et celles plus furtives de Schubert ou de Chopin) qui ponctue ce journal est fort bien jouée par Anne Constantin.